Hector est un hippocampe submergé et dévoué. Il aime son travail : veiller à la prospérité du récif. Il guide les jeunes poissons dans les courants, soutient les coraux pour qu’ils grandissent harmonieusement et intervient dès qu’un problème surgit.

Chaque jour, il jongle entre mille tâches. Il aide un poisson perdu à retrouver sa route, répare les algues déracinées, apaise les tensions entre les crabes territoriaux… Toujours en mouvement, toujours disponible.

Mais peu à peu, Hector sent une fatigue étrange l’envahir. Il n’a plus le temps de réfléchir à l’avenir du récif. Il voulait autrefois imaginer de nouveaux abris, organiser des courants plus fluides, anticiper les migrations… Mais chaque jour, il est pris dans l’urgence.

Depuis quelque temps, Mira observe Hector et fini par l’approcher.

– Hector, tu sembles bien occupé.
– Oh Mira, je n’ai pas une seconde ! Regarde, cette algue est mal accrochée, le jeune mérou est encore perdu et il faut régler la dispute entre les crevettes nettoyeuses…
– Mais dis-moi, qui pense à l’avenir du récif pendant que tu fais tout cela ?
– Eh bien… moi aussi, bien sûr ! Mais je n’ai pas le temps ! Il y a trop de choses à gérer au quotidien.

Mira sourit.

– Imagine un poisson architecte qui passerait tout son temps à réparer des fissures au lieu de dessiner les nouvelles structures du récif. Comment pourrait-il faire grandir son habitat ?

Hector réfléchit.

– Je crois que… je fais pareil. Je gère l’instant présent, mais je ne prépare pas l’avenir.
– Exactement. Et si tu prenais du temps, chaque jour, pour réfléchir à la grande image ? Pour anticiper au lieu de réagir ?

Hector hésite. Il a peur de laisser tomber ses responsabilités. Mais il décide d’essayer. Il consacre désormais une partie de sa journée à observer le récif d’un peu plus haut, à réfléchir aux courants, aux migrations, aux évolutions à venir.

Petit à petit, il s’aperçoit que les poissons s’organisent sans lui pour les petits problèmes, et qu’il a enfin l’espace pour penser au futur du récif.

Depuis, Hector ne se sent plus submergé. Il a retrouvé son rôle de visionnaire du récif, et non plus seulement celui qui éteint les incendies du quotidien.

Ce conte illustre un problème courant chez les managers : être tellement pris par l’opérationnel qu’ils en oublient la vision stratégique. Beaucoup de managers passent leur temps à gérer des urgences, à répondre aux besoins immédiats de leur équipe, au détriment de leur rôle clé : anticiper, organiser et donner une direction.